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prussiate de potasse du papier, et laisse une tache bleue, composée de bleu de Prusse, dont l’électricité a provoqué la formation. La réunion de ces points bleus, de ces taches azurées, finit par reproduire tous les traits qui composent la dépêche placée à la station du départ. L’autographe est donc reproduit au moyen d’une multitude de lignes parallèles tellement rapprochées entre elles que l’œil ne saurait les distinguer.

Le difficile en tout cela, c’était d’obtenir une égalité absolue de vitesse entre le mouvement de la pointe traçante qui parcourt la tablette portant la dépêche, à la station du départ, et celui du style qui parcourt la tablette portant le papier chimique à la station d’arrivée. C’est parce que M. l’abbé Caselli a trouvé l’art de rendre isochrones les mouvements de ces deux styles séparés par une énorme distance, que notre heureux physicien a trouvé ce qui semblait la pierre philosophale de la télégraphie électrique.

Après l’explication générale que nous venons de donner, des organes essentiels du pantélégraphe Caselli, il sera plus facile de comprendre les détails de la figure 73, qui donne une vue fidèle de cet instrument, prise au poste central des télégraphes de Paris.

Pour comprendre cet appareil, il faut examiner séparément le mécanisme qui provoque le mouvement régulier et isochrone du pendule, et le système électro-mécanique qui permet l’exécution du dessin sur le papier. Nous parlerons d’abord du système qui produit l’isochronisme du pendule.

Entre deux montants de fonte A, A, oscille un pendule BD, de 2 mètres de longueur, et nous n’avons pas besoin de dire que deux appareils identiques fonctionnent, l’un à la station qui envoie la dépêche, l’autre à la station où doit s’inscrire la même dépêche. Ce pendule BD se termine par une masse de fer D, lestée de plomb. Le fer de ce pendule peut être attiré par les deux électro-aimants C, C’. L’attraction de ces deux électro-aimants, tel est donc le principe moteur de cet organe. L’oscillation du pendule BD se transmettant à la tige de bois, H, un ensemble de pièces mécaniques assez compliquées E, GFI, que nous décrirons tout à l’heure, détermine la marche régulière du style métallique, ou pointe traçante, sur toute la surface de la plaque E.

Mais avant d’expliquer ce mécanisme, il importe de dire par quel moyen les mouvements du pendule BD sont rendus parfaitement isochrones avec ceux du pendule semblable placé à la station opposée. Cet isochronisme a été obtenu par M. Caselli, après bien des tâtonnements, en se servant d’une horloge ordinaire, dont le balancier vient interrompre, à des intervalles parfaitement égaux, le courant de la pile qui se rend aux électro-aimants et provoque les oscillations du pendule BD.

L’horloge T est munie d’un balancier P. Le fil partant d’une pile voltaïque dont on n’a représenté qu’un seul élément sur la figure, aboutit à un petit levier métallique, que l’on voit au-dessous du point R, et qui se trouve en contact avec la tige P du balancier de l’horloge, pendant son mouvement d’oscillation. La tige P de ce balancier étant quatre fois plus courte que la tige BD du pendule électro-magnétique, ce balancier, d’après la loi physique qui régit les oscillations du pendule[1], décrit deux allées et venues, pendant que la tige du pendule BD en décrit une seule. Dès lors la tige P du balancier exécutant quatre oscillations, tandis que celle du grand pendule n’en exécute que deux, la tige de ce balancier P peut établir et interrompre le courant électrique, à chaque demi-oscillation du pendule électromagnétique BD.

Dans l’état ordinaire, le courant électrique, suivant le fil Q, continue sa marche par

  1. La vitesse des oscillations d’un pendule est en raison inverse du carré de la longueur de ce pendule.