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sa forme, d’un élément de Bunsen, est pourvu d’un conducteur de charbon et d’un pôle de zinc ; seulement, au lieu d’acide, il y a, dans un godet, du sulfate de mercure solide recouvert d’eau ; et dans l’autre godet, de l’eau salée : la lente réduction du sel de mercure produit le dégagement de l’électricité.

Au-dessus de la table, règne une longue tringle de cuivre. C’est le conducteur commun auquel aboutissent la moitié des fils, et qui établit leur communication avec la terre. À cet effet, la tringle de cuivre se prolonge au delà de la salle, et va se perdre dans l’eau courante du puits de l’hôtel, en se terminant en ce point, par une large plaque de cuivre.

Un certain nombre d’éléments de la pile, réunis entre eux, desservent chaque ligne particulière.

Pour cela, au conducteur positif (zinc) du premier élément de cette réunion, est soudé un fil de cuivre qui, mis en communication avec la tringle de cuivre, dont il vient d’être question, va se perdre dans la terre, ce qui permet de supprimer, suivant la grande découverte de M. Steinheil, les fils de retour du circuit voltaïque, en prenant la terre elle-même pour complément du circuit. Au conducteur négatif, c’est-à-dire au charbon du dernier élément de ce même groupe, est fixé un autre conducteur, qui se rend dans la salle des fils et dans la salle des instruments, et de là à la ville qu’il doit mettre en communication avec Paris. Un de ces fils a plus de 200 lieues de longueur ; il se rend à Marseille ; un autre va à Berlin, à une distance de 300 lieues. Chaque fil porte une petite plaque d’ivoire, indiquant sa destination.

En sortant de la chambre des piles, les fils conducteurs se réunissent tous dans une petite pièce bien éclairée, située au premier étage, et qui se nomme la chambre des fils. Ils sont tendus verticalement, le long des deux murs de la pièce, et portent chacun, une petite plaque d’ivoire indiquant son parcours. Ainsi tendus contre les murs, ils ressemblent à autant de portées de musique, ou à un écheveau de fil emmêlé. Seulement, jamais portée de musique, jamais écheveau de fil, ne furent plus embrouillés. Il paraît que le surveillant attaché à cette salle, s’y reconnaît parfaitement, et met la main, du premier coup, sur le fil qu’il recherche. Je lui en fais mon compliment.

Montons encore un étage et nous voici arrivés aux appareils télégraphiques. Ils sont installés dans une série de salles consécutives, qui ne sont autre chose que les anciens bureaux du ministère de l’intérieur et qui occupent la plus grande partie du second étage de l’hôtel. Dans les premières chambres sont les appareils destinés au service de Paris ; dans les suivantes, sont les appareils en correspondance avec les départements et l’étranger.

La figure 56 (page 129) représente l’une des principales salles destinée à la correspondance avec les départements et dans laquelle sont réunis des appareils Morse. Les fils conducteurs qui partent de ces instruments et qui y aboutissent, ne sont pas apparents à l’intérieur : ils sont placés sous le parquet.

Deux cents lignes télégraphiques partent du poste central, pour aller porter, aux extrémités de l’Europe, leurs vibrations instantanées ; 117 de ces lignes appartiennent à la province ou à l’étranger, 83 à Paris.

Pour mettre en action cet immense réseau, environ 170 instruments télégraphiques sont rassemblés dans les diverses salles du poste central. Ce sont des appareils Morse, qui tracent la dépêche à l’encre en caractères d’un alphabet conventionnel, et des appareils Hughes, qui, par un prodige de mécanique, vont tracer les dépêches en lettres d’imprimerie sur une bande de papier. Dans les salles destinées au service des départements et de l’étranger, il y a 25 appareils Hughes et 45 appareils Morse. La même proportion existe pour les appareils distribués dans les