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de leur position. Le mouvement imprimé aux manivelles établit ou interrompt le courant électrique, et l’aiguille aimantée peut, de cette manière, prendre sur la circonférence du cercle la place que l’on désire. Ces deux aiguilles et leurs cadrans sont fixés sur le panneau antérieur d’une sorte de grande boîte.

Fig. 50. — Télégraphe anglais à deux aiguilles.

La figure 50 représente l’extérieur du télégraphe à aiguilles aimantées de MM. Cooke et Wheatstone. On y voit deux aiguilles que mettent en mouvement, par l’intermédiaire du courant électrique, deux manivelles. À l’intérieur de la boîte, et cachées par la paroi antérieure de cette boîte, sont deux bobines de fil conducteur, dans lesquelles le courant électrique peut circuler au moment opportun. C’est le courant qui, agissant sur les aiguilles aimantées apparentes à l’extérieur, met ces aiguilles en mouvement, pour produire les signaux. Pour faire tourner à volonté, tantôt à droite, tantôt à gauche, l’une ou l’autre des aiguilles aimantées, il suffit de changer le sens du courant ; et ce changement est produit par le mouvement, à droite ou à gauche, que l’on imprime aux manivelles.

Les positions combinées que peuvent prendre les deux aiguilles ont servi à former un alphabet. Les signes adoptés pour la désignation des lettres sont les suivants :

A, un coup à gauche de l’aiguille à gauche ;
B, deux coups de la même aiguille à gauche ;
C, trois coups de la même aiguille à gauche ;
D, quatre coups de la même aiguille à gauche ;
E, un coup de l’aiguille de gauche et deux de l’aiguille de droite ;
F, un coup de l’aiguille de gauche et trois de l’aiguille de droite.

C’est, comme on le voit, un alphabet de sourd-muet ; on forme avec les aiguilles du télégraphe, des signes analogues à ceux que le sourd-muet exécute avec ses doigts, On a compté sur l’adresse, sur l’habileté particulière des employés, pour suppléer à l’insuffisance du mécanisme de l’instrument. L’expérience a justifié la confiance que l’inventeur avait mise dans les ressources de l’organisation humaine servie et réglée par l’intelligence. Le moyen physiologique est destiné à suppléer ici à l’imperfection de la combinaison mécanique.

Il importe d’ajouter pourtant que des erreurs se glissent assez fréquemment dans les messages transmis de cette manière, et que, si l’appareil télégraphique anglais est le plus simple que l’on connaisse, il est loin d’être parfait. Par suite de son emploi, beaucoup de dépêches sont chaque jour incomplètement ou inexactement transmises. Outre l’inconvénient d’exiger deux fils conducteurs, ce qui double les dépenses d’installation, le système anglais présente ce côté très-défavorable, que nulle trace du message ne peut y être conservée. C’est la mémoire seule des employés, occupés à lire sur les cadrans, les signaux au fur et à mesure de leur transmission, qui répond de l’exactitude de la traduction. Aucun moyen de contrôle ne permet de reconnaître une erreur commise