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Il marcha parfaitement contre le vent et la marée, filant quatre nœuds. La machine consistait en une pompe foulante, dont le piston avait 2 pieds anglais de diamètre, mise en mouvement par la vapeur et qui refoulait l’eau sous la quille. Au moment du retour de l’eau, la soupape qui avait donné issue à cette eau se refermait, et l’eau s’engageait dans un canal de 6 pouces de section, pour s’échapper à l’arrière du gouvernail.

Si Rumsey échoua dans ses efforts pour créer la navigation par la vapeur, il contribua par une autre voie, à ses succès futurs ; car c’est à lui que revient l’honneur d’avoir dirigé sur ce sujet l’attention de l’ingénieur illustre auquel l’univers doit ce bienfait.

Rumsey avait eu l’occasion de rencontrer à Londres, son compatriote, Robert Fulton, alors âgé de vingt-quatre ans. La conformité de leurs goûts établit entre eux une grande intimité. C’est par les conseils et à l’instigation de Rumsey, que Fulton fut amené à s’occuper pour la première fois, de la navigation par la vapeur.

Robert Fulton, dont le nom vient d’apparaître à cette période de notre récit, était né en 1765, à Little-Britain, dans le comté de Lancastre, État de Pensylvanie (Amérique du Nord). Ses parents étaient de pauvres émigrés irlandais. Ayant perdu son père dès l’âge de trois ans, sa première instruction se réduisit à apprendre à lire et à écrire dans une école de village. Il fut envoyé très-jeune à Philadelphie, où il entra chez un joaillier, pour apprendre cette profession. Les occupations de son apprentissage ne l’empêchèrent pas de cultiver les dispositions remarquables qu’il avait pour le dessin, la peinture et la mécanique. Ses progrès dans la peinture furent tels, qu’avant l’âge de dix-sept ans, il était parvenu à se créer des ressources avec son pinceau. Il allait d’auberge en auberge, vendre des tableaux et faire des portraits, et finit par s’établir comme peintre en miniature, au coin de Second et Walnut streets, à Philadelphie. Étant parvenu à se procurer ainsi une petite somme, il acheta, dans le comté de Washington, une ferme où il plaça sa mère.

En revenant à Philadelphie, il s’arrêta aux eaux thermales de Pensylvanie, et s’y lia avec quelques personnes distinguées, entre autres avec M. Samuel Scorbitt.

Frappé des dispositions qu’il annonçait pour la peinture, M. Scorbitt l’engagea à se rendre à Londres, où son compatriote Benjamin West, qui avait acquis en Angleterre une certaine célébrité, serait fier d’encourager ses talents. Franklin, qui avait connu le jeune artiste à Philadelphie, lui avait déjà donné le même conseil. Fulton résolut donc de partir pour l’Angleterre, et M. Scorbitt lui ayant fourni les moyens d’entreprendre ce voyage, il s’embarqua à New-York, en 1786.

Ses espérances ne furent point trompées ; West le reçut comme un ami. Il en fit son commensal et son disciple.

Cependant Fulton ne devait pas exercer longtemps la profession de peintre. Désespérant d’atteindre la perfection dans cet art, entraîné, d’ailleurs, par la prédominance de ses goûts, il jeta les pinceaux, pour s’adonner entièrement à l’étude de la mécanique.

Il séjourna quelque temps à Exeter, dans le Devonshire, et résida ensuite deux années dans la grande cité manufacturière de Birmingham, où il fut employé, pendant tout cet intervalle, comme dessinateur de machines dans une fabrique. Il s’y attira le patronage du duc de Bridgewater et du comte de Stanhope.

En 1788, décidé à tirer parti des connaissances mécaniques qu’il venait d’acquérir, il revint à Londres, et c’est là que le hasard le mit en rapport avec son compatriote James Rumsey. Ce dernier n’eut pas de peine à lui faire comprendre tous les avantages que devait amener en Amérique, la création de la navigation par la vapeur, et Fulton s’occupa aussitôt de corriger les vices manifestes du