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L’annonce des résultats économiques produits par les machines du Cornouailles, dans lesquelles on ne brûlait qu’un kilogramme de houille par force de cheval et par heure de travail, produisit en France une grande sensation. Ces résultats étaient dus : 1o à la manière de conduire le feu ; 2o à l’augmentation considérable des surfaces de la chaudière exposées à l’action de la chaleur ; 3o à l’emploi de la détente de la vapeur dans des limites jusque-là inconnues ; 4o à l’ingénieuse et utile disposition des soupapes. Toutes ces dispositions furent le point de départ de recherches nombreuses sur les perfectionnements des divers organes de la machine à vapeur.

Fig. 56. — Machine du Cornouailles.

C’est vers l’année 1832 que l’art de construire les machines à vapeur se répandit et se multiplia en France. Notre pays avait jusqu’alors emprunté à l’Angleterre la plus grande partie de ses appareils moteurs. En 1789, par exemple, il n’existait encore en France qu’une seule machine à vapeur : c’était la pompe à feu de Chaillot, destinée à la distribution de l’eau dans Paris, et que les frères Perrier avaient fait construire à Birmingham, en 1773, dans l’usine de Boulton et Watt. Elle demeura la seule en France longtemps encore après cette époque.

Sous le premier empire seulement, on commença à construire chez nous, quelques machines à vapeur ; mais ce ne fut qu’à la restauration des Bourbons, à l’époque du rétablissement de la paix, que l’on s’occupa de créer des usines pour la construction des machines à vapeur. En 1824, trois grands ateliers s’élevèrent dans ce but : les établissements de Cavé et Pihet, de Desrone et Cail, à Paris, et de Halette, à Arras ; enfin, la Société Mamby et Wilson, qui eut ses ateliers d’abord au Creusot, ensuite à Charenton, près de Paris. En 1826, l’établissement du Creusot créa la pompe à feu de Marly, qui fut un tour de force pour cette époque. Dans la dernière période de la restauration, on construisait déjà en France une cinquantaine de machines à vapeur par an.

Vers 1832, l’art du fondeur devenait une industrie courante, et la machine à vapeur commençait à se vulgariser. Un grand nombre d’ateliers furent créés à Paris et dans les villes manufacturières du nord de la France, entre autres à Lille et à Rouen, pour la construction des machines à vapeur.

Dès lors, cette machine se modifia très-rapidement et avec beaucoup d’avantages dans ses divers organes. La disposition des