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VAN DYCK.

témoigne du commerce avec Raphaël. À la Brera de Milan, signalons une Vierge avec saint Antoine de dimension importante ; à la Galerie nationale (Corsini) de Rome, une Madone d’un coloris un peu éteint mais qui montre des mains incomparables ; à Rome également, à l’Académie de Saint-Luc, une Vierge avec l’Enfant Jésus et deux anges musiciens. Cette dernière œuvre est détériorée ; mais le Jésus debout sur les genoux de sa mère et l’ange jouant du luth sont restés d’une grâce délicieuse.

Le plus remarquable des tableaux religieux de Van Dyck conservés en Italie est, selon nous, la Mise au tombeau du palais Borghèse. L’ordonnance en est simple et l’artiste l’a souvent répétée, notamment dans des toiles célèbres conservées au Prado, au musée d’Anvers, à la pinacothèque de Munich. Des mains pieuses ont assis le Christ sur le rebord du sarcophage ; le coloris de ce corps inerte, affalé, taché de sang, est la nature même ; des ombres splendides errent parmi les tons jaunâtres du torse et du visage. La Vierge, derrière le Sauveur, lève les yeux au ciel ; c’est une patricienne flamande, grasse et sensible. La Sainte Madeleine est tournée vers le spectateur ; dans ses tresses blondes ruisselle l’or du Titien et son corps a des sinuosités berninesques. L’ensemble est singulièrement tendre, ému, persuasif. Voisin de la célèbre Mise au tombeau de Raphaël qui accapare toutes les admirations, ce tableau est à peine connu. Rarement pourtant Van Dyck fut plus heureux. Les qualités acquises en Italie s’y ajoutent aux dons apportés de Flandre ; le passé et le