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VAN DYCK.

du peintre. À la même époque appartiennent le portrait de Jean-Vincent Imperiale, amiral de Gênes (musée de Bruxelles), imposante figure malheureusement très endommagée par les repeints ; le portrait de Thomas de Carignan (musée de Turin) avec sa fière harmonie de teintes vives : cheval blanc, écharpe rouge, cuirasse brillante, étoffe verte tombant du décor d’architecture, et enfin le portrait célèbre du cardinal Bentivoglio peint à Rome, aujourd’hui au palais Pitti à Florence. Cette œuvre est le prototype de tous les portraits de prélats qu’on exécuta dans la suite, et Philippe de Champaigne n’ignora point ce modèle lorsqu’il peignit son chef-d’œuvre : Richelieu. Écoutons ce que dit Reynolds du Bentivoglio : « Comme Van Dyck, écrit le peintre anglais, se trouva borné au cramoisi pour ce fameux portrait, il a placé dans le fond un rideau du même cramoisi et a répandu le blanc par une lettre qui se trouve sur la table et par un bouquet de fleurs qu’il a introduit pour le même effet du tableau. » Par des rappels ingénieux et discrets, Van Dyck ménageait ainsi des transitions entre les parties contrastantes. Et c’est une stupéfaction toujours nouvelle de se redire que l’artiste n’avait pas vingt-cinq ans, qu’il était au début de sa carrière quand il créa cette page royale que les peintres les plus illustres se sont fait un devoir d’étudier !

Le génie si intuitif et délicat du jeune peintre s’enchaîne pour ainsi dire à la grâce exquise de toute cette aristocratie décadente. Van Dyck, pendant cette période, sut conserver de l’Anversois la gaieté dans le labeur, le souci