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VAN DYCK.

grand portraitiste eut de précoce. La première facture est toute rubénienne ; elle l’est avec excès. Van Dyck est si passionné pour la manière anversoise qu’il lui arrivera de contrefaire la magnificence débridée de Jordaens.

Jusqu’à l’année 1621 environ, il peint avec une forte brosse, très chargée. Sa couleur est à la fois épaisse et lisse. Dans les tons clairs seulement, pour indiquer le relief d’un muscle ou le pli lumineux d’un manteau, il a recours aux empâtements. Les chairs empourprées semblent refléter les lueurs d’un flambeau. Un contraste violent règne entre les ombres et les lumières. Les bruns profonds s’opposent aux rouges incandescents. Deux Têtes d’apôtres et le Christ succombant sous la croix, qui ont figuré à l’Exposition d’Anvers, sont les premiers types de cette manière ; ils datent de 1617.

Ce n’est pas sans succès que Van Dyck interroge le génie de Jordaens. Ses notes rouges, répétées avec obstination, comme dans le Silène ivre et le Martyr de saint Pierre, tous deux au musée de Bruxelles, produisent des accords flamboyants d’une belle vigueur ; il se contente d’un clair-obscur assez grossier, mais non dépourvu d’un certain mérite dramatique, comme dans un Jésus insulté par Judas que montra l’Exposition d’Anvers. Chose curieuse : cette toile — une esquisse — est en réalité d’une facture tranquille. L’artiste y a introduit un mouvement artificiel au moyen de nombreux rehauts rougeâtres distribués d’une manière assez arbitraire.

Des harmonies plus douces, plus naturelles, commen-