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VAN DYCK.

affirme un autre, le maître était jaloux de son trop galant disciple et le représenta aux côtés de sa seconde femme, parmi les damnés de son Christ aux limbes. — En réalité, Van Dyck prit congé de Rubens en termes affectueux, puisqu’il fit don à son maître d’un Ecce homo, d’un Christ au Jardin des Oliviers et d’un portrait d’Isabelle Brandt.

L’état d’âme du jeune artiste à ce moment est, semble-t-il, assez facile à déterminer. Van Dyck était riche ; il n’avait pas besoin que Rubens lui offrît une bourse ; il n’avait pas à craindre de devoir vendre son chapeau en chemin. Un correspondant du comte d’Arundel écrit de lui en 1620 : « E giovane di ventun anni con padre e madre in questa città molto ricchi. » Rubens ne fit pas d’aumône à son élève ; il lui paya tout simplement des honoraires mérités. Van Dyck n’était point à plaindre. Luxueusement équipé, à ce qu’il semble, un peu vain sans doute de ses séductions physiques, mais l’esprit droit et ferme, encore plein des exemples austères de la famille et des sages conseils de Rubens, confiant dans son génie naissant et livré au premier vertige de la gloire, — tel nous nous figurons Van Dyck en route pour cette merveilleuse Italie où son art allait prendre un premier et inoubliable essor.


IV. — Premières œuvres.

Les premiers tableaux de Van Dyck ne justifient pas absolument, il faut l’avouer, ce que la renommée du