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VAN DYCK.

Examinez n’importe quel beau portrait de Van Dyck, et quand vous en aurez apprécié le style, la richesse d’atmosphère, la délicatesse psychologique, songez à la facture de l’œuvre, à la main nerveuse qui fixa cette image humaine. Vous serez stupéfait de la rapidité d’exécution, de l’extraordinaire adresse manuelle que suppose une telle peinture. En Angleterre, la facture de Van Dyck était devenue tellement naturelle et simple que l’artiste n’avait plus à s’en inquiéter. Il peignait avec un minimum d’effort, de temps, de matière. Il exécutait des portraits en un jour, en quelques heures, et véritablement son génie semble vouloir donner raison à ces philosophes qui ne veulent voir dans l’art qu’un jeu.

Cette aisance de production déconcerte notre esprit habitué à chercher la beauté par des voies lentes, difficiles. Les maîtres d’autrefois n’avaient point comme nous le souci maladif de l’originalité ; leur sentiment artistique s’épanchait librement, instinctivement. Un portraitiste d’aujourd’hui n’oserait point répéter vingt fois la même attitude, vingt fois le même port de tête, vingt fois la même draperie ainsi que le faisait Van Dyck. Il éviterait avec soin une telle uniformité. L’œuvre de Van Dyck examinée au point de vue de cette remarquable aisance technique doit être pour nos artistes d’un puissant profit moral. On a trop répété à nos générations que les chefs-d’œuvre ne s’enfantaient que dans la douleur.

Le libre jeu des facultés artistiques n’entraînait nullement l’abandon des méthodes. Au contraire, il semble