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tendre avec patience. Encore une fois, je vous en conjure, si mon repos vous est cher, ne songez pas à revenir dans cette maison. »

Cette lettre procura au pauvre Jones une consolation assez semblable à celle que Job reçut autrefois de ses amis. Outre qu’elle détruisoit l’espérance qu’il avoit conçue de revoir Sophie, elle le mettoit dans un fâcheux embarras à l’égard de son impérieuse maîtresse. Il savoit très-bien qu’on n’est guère excusable de manquer à certains engagements ; et d’un autre côté, se rendre chez lady Bellaston, malgré la défense positive de Sophie, c’étoit une démarche à laquelle nulle puissance humaine ne pouvoit le contraindre. Après une longue délibération qui le priva de sommeil pendant toute la nuit, il résolut de feindre une indisposition, seul moyen qu’il imaginât d’éviter le rendez-vous convenu, sans irriter lady Bellaston qu’il avoit plus d’une raison de ménager.

Le lendemain de très-bonne heure, son premier soin fut d’écrire à Sophie une lettre sous l’enveloppe d’Honora ; il en adressa une autre à lady Bellaston pour lui faire agréer l’excuse dont nous venons de parler. Bientôt après, il reçut de cette dernière la réponse suivante.

« Je suis extrêmement contrariée de penser que je ne vous verrai pas chez moi cette après-midi, et plus affligée encore de la cause qui me