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paie d’aucun retour un tel amant et une telle passion, est indigne de l’un et de l’autre.

— Sûrement, madame, vous ne pouvez penser…

— Penser… je ne sais ce que je pense… Il y a, ce me semble, dans le véritable amour quelque chose qui tient de la magie. Peu de femmes ont le bonheur de trouver ce sentiment chez les hommes ; moins encore savent l’apprécier lorsqu’elles l’y trouvent. Je n’ai de ma vie entendu un si noble langage, et j’ignore comment il se fait qu’on est forcé de vous croire. Ah ! il faudroit être bien injuste pour dédaigner un pareil mérite ! »

Le ton et l’air dont mistress Fitz-Patrick prononça ces mots firent naître dans l’esprit de Jones un soupçon que nous ne nous soucions pas d’expliquer trop clairement. Au lieu de lui répondre, il voulut prendre congé d’elle, en disant qu’il craignoit de l’avoir fatiguée par la longueur de sa visite.

« Point du tout, monsieur, répartit mistress Fitz-Patrick ; je vous plains sincèrement, M. Jones, oui très-sincèrement. Mais puisque vous êtes si pressé de me quitter, réfléchissez au projet dont je vous ai parlé ; je suis sûre que vous l’approuverez. Revenez me voir le plus tôt que vous le pourrez, demain matin, si vous voulez,