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lesse à l’abri de toutes ces tempêtes et avait cru à son indifférence pour tout ce qui touchait le cœur des autres, et voici qu’elle était prise dans un tourbillon inextricable.

Elle allait aussi voir Roger, bien que marchant peu. Un matin, en entrant chez lui, elle le trouva seul, par hasard :

— Comment, on vous abandonne ?

— Oh ! j’ai des heures solitaires, chère Madame, le matin, par exemple, je ne reçois qu’à partir de onze heures, et j’allais justement envoyer chez vous pour vous prier de venir. Vous avez devancé mon désir.

— Vous aviez donc besoin de me voir ?

— Grand besoin.

— Allons, confessez-vous, vous avez l’air d’un diplomate en ce moment, qui a trouvé une bonne solution.

— Comment, vous devinez ?

— Je ne devine rien du tout. Je suis simplement prête à vous écouter. Attendez que je prenne ce tabouret sous mes pieds ; là, j’y suis.

— Tous ces préparatifs sont bien importants pour la brièveté de mon discours.

— Tant pis, vous le prolongerez, parce que je me sens fort bien près de vous.

— Vous êtes restée gaie !

— C’est un beau reste.

— Pleine d’esprit.

— J’en emprunte beaucoup, et je le rends quelquefois, pas souvent. À mon âge, il paraît que l’on peut être avare, mais parlons sérieusement. Commencez votre discours.

— Je le prépare, Madame ; je demande pour mon cousin, Jean de Blave, la main de mademoiselle Foubry.

— Ah ! c’est une excellente idée, et alors ?

— Et, puisque vous êtes sa grande amie, ne pourriez-vous pas lui demander si elle l’accepterait pour mari, avant qu’il tente sa démarche officielle près des parents ?

— Vous êtes vraiment un fin diplomate, cher