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— Vous n’avez pas l’air de trouver le temps long… ici ? dit Sylviane sans arrière-pensée.

— Oh ! non… jamais je ne me suis autant amusée !…

— Votre cœur ne prend pas feu ? questionna Sylviane avec un rire qui dissimulait une certaine angoisse.

— Nullement !… jeta Annette avec élan.

Tout de suite, la fine jeune fille démêla le mobile de sa campagne.

— Vous êtes une personne bien indifférente !… Savez-vous que j’aurais presque voulu vous faire épouser un des deux inséparables ?

— Louis Dormont ou Francis Balor ? s’écria Annette avec un rire perlé… ce sont de bons garçons… mademoiselle… mais si j’étais l’épouse de l’un… je ne pourrais m’empêcher de croire que j’ai fait du tort à l’autre…

La gaieté devint si contagieuse que Sylviane la partagea.

Cependant elle pensait : Une petite fille comme Annette n’en voudrait pas… que dirait maman en l’entendant ?

Elle poursuivit tout haut :

— Comme vous êtes malicieuse… ces deux jeunes gens seront de parfaits maris…

— C’est possible… convint Annette, en secouant la tête mais on ne peut plaire à tout le monde… ils ne sont pas mon genre…

— Quel est votre genre ?… ceci serait intéressant à connaître…

Sylviane sentit un froid l’envahir en posant cette question d’un air détaché.

— Vous l’apprendrez un jour… répondit Annette avec un embarras accentué d’une rougeur subite.

Devant ces paroles et cette gêne, Sylviane ne douta plus une minute que Luc et Annette avaient conclu des fiançailles secrètes. Une angoisse la mordit au cœur et un frisson effleura sa nuque. Sa pâleur qu’Annette remarqua, devint extrême.

— Chère Mademoiselle… qu’avez-vous ?

Mais déjà Sylviane s’était ressaisie et ce fut d’une voix tout à fait normale qu’elle répondit :