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verser ensemble étaient rares. Luc ne se livrait pas. Il observait Sylviane et il semblait parfois à la jeune fille que l’expression qui sortait de ses yeux avait parfois une lueur tendre. Elle pensait alors : je crois qu’il m’aime et comment sortirons-nous de cette situation ?

Le choc qui avait eu lieu entre eux était encore trop récent pour que l’irritation et la confusion en fussent calmés. Le temps, une circonstance fortuite, devaient atténuer cet embarras et amener la conciliation.

Par Annette, Sylviane aurait pu connaître quelques-uns des sentiments de Luc, car elle voyait leur camaraderie s’affirmer. Mais si elle aurait volontiers recherché un entretien familier avec le jeune homme, elle évitait d’aborder ce sujet avec Annette dont le rôle lui semblait de plus en plus étrange.

Sylviane aimait la netteté et la franchise et elle souffrait de s’être trompée sur la jeune fille.

Cette dernière sentait la suspicion qui naissait sur elle, mais elle avait beau multiplier les efforts pour se rapprocher de mademoiselle Foubry, celle-ci restait aveugle devant ses tentatives.

Là, où une volonté parfois échoue, la Providence tranquillement amène le résultat à son heure. Un matin, il se trouva que Sylviane et Annette furent face à face, dans un chemin, seules, toutes deux.

Annette rougit de plaisir et s’écria :

— Enfin… je vous vois un peu !…

Sylviane avait failli reculer dans un premier mouvement de contrariété, ou tout au moins opposer un front sérieux à cette exubérance, mais la joie affectueuse de la jeune fille l’attendrit et elle fut accueillante :

— Il est certain répliqua-t-elle… que les mondanités de Vichy laissent peu de place à la solitude.

— Ah ! si on le voulait bien… riposta Annette vivement il y aurait moyen de s’arranger… mais ce serait briser toutes relations… et pour un mois, il est un peu inutile de s’enfermer…