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trop belle

— Cette Sylviane, est une femme admirable…

— C’est surtout une jeune fille délicieuse…

— Pourquoi pas mariée ?

— Sans dot…

— Et elle est belle… dit Luc rêveusement… les hommes ont peur…

— D’autant plus qu’elle est spirituelle.

— Mais… si elle est intelligente… elle peut vouloir l’être moins que son mari…

— Eh ! eh ! il faudrait qu’elle l’aimât joliment.

— Oui… c’est ce que je pense… Une femme n’est-elle pas capable d’un tel dévouement ?

— Les femmes sont capables de tout… mon cher.

— Et les hommes… ma tante ?

— Tu veux épouser Sylviane ?

— Moi ! je pars demain pour l’Écosse…

Madame Bullot observa son neveu. Elle vit l’ironie voltiger sur ses traits.

Elle sentit qu’elle avait dépassé les bornes de la discrétion, mais n’en fut pas gênée. Elle jugeait qu’elle pouvait se permettre de ces incartades de langue.

Elle lui dit :

— Tu ne te marieras donc pas… Luc ?

— Je n’ai que trente-deux ans…

— Pour fonder une famille… n’est-ce pas l’âge ?

— En effet… mais quand je songe que le mariage est un nœud pour la vie… j’ai peur…

— Je te croyais brave…

— Je n’ai pas cette bravoure-là !… Vous savez qu’on peut être crâne de cent manières… et lâche pour une masse de choses… Vous n’avez pas oublié que Turenne était courageux… mais qu’il craignait les souris… Moi… je ne crains ni l’eau… ni le feu… ni même l’air en avion… mais j’ai peur d’une femme à qui je serais lié pour toute l’existence…

— Pauvre Luc… Il s’agit simplement de bien choisir.

— Oui… tout est là… évidemment… mais comment peut-on choisir une femme ?… Je suis riche… et je ne suis pas trop mal de ma personne… ne prenez pas cela pour de la fatuité… j’entends par