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prudence rocaleux

fils avait une secrétaire pour lui ouvrir ses enveloppes. Eh ben !… c’te secrétaire, c’est elle !

— Oh ! c’te fiancée ?

— Comme j’ vous le dis ! et je ne me trompe pas. Vous pensez quel coup cela m’a fait ! Je veux bien croire qu’elle en tient pour not’ jeune monsieur, mais le voir qu’il l’aime, alors qu’elle roulait des yeux ambitieux à ce Rembrecomme, ça m’a bouleversée jusqu’à la casse…

— Ça c’est du morfondant !

— J’ vas le dire à Madame… Mam’zelle Julie m’a bien dit que c’était une cousine… et vous croyez ça, vous ?

— Mon Dieu ! ce sont des choses qui arrivent !

— C’est pas clair ! me v’là déballée comme un sac de sucre… J’suis par terre, quoi !… Heureusement que vous allez faire le service… Moi, je ne pourrais pas ! Voir un bon petit jeune homme précipité dans la tromperie… ça me cuit le cerveau… Sa cousine ! elle n’a pas l’air d’une cousine !

— Vous allez peut-être un peu fort !

— Moi, je pense au bonheur de not’ jeune homme… une personne qui va s’amuser à ouvrir des lettres tous les matins chez un cousin, c’est pas du sérieux… Encore qu’il y aurait du vrai, c’est pas une occupation…. On fait l’ ménage le matin, des courses, mais on ne se faufile pas chez un jeune homme… Il faut que je prévienne Madame… Je suis sûre qu’elle aura de l’horreur pour c’te façon de se conduire…

— À vot’ place, je ne me mêlerais pas de ça… c’est risquer sa place, et nous avons un si bon métier ! C’est le meilleur des meilleurs quand on veut bien y réfléchir…

— Je ne veux pas avoir un péché sur la