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— Dans la vie, il ne faut s’étonner de rien, prononça Cécile, avec un ton sûr de soi. Je crois que je continuerai d’aller au musée, parce qu’il est toujours intéressant de connaître la vie d’un artiste.

Les paroles décidées de Cécile surprirent ses amies. Ordinairement, Mlle Roudaine se montrait assez réfractaire aux choses qui dépassaient les usages courants. Elle se révélait soudain audacieuse.

Cependant, si elles soupçonnaient Cécile de curiosité, elles étaient loin de se douter des projets qu’elle mûrissait dans son esprit,

— Nous lui dirons que nous l’avons reconnu… déclara Cécile d’un accent résolu. Nous ne sommes plus des enfants à qui l’on raconte des histoires.

— Vous avez raison, dit Louise, qui ne voulait pas laisser voir son étonnement.

— Il se moquera joliment de nous, murmura Roberte, qui devenait incertaine sur le rôle à tenir. Je suis d’avis de ne pas encore lui montrer que nous avons découvert son secret. Puis, du moment qu’il veut rester inconnu, en serait manquer de délicatesse, en l’ennuyant de notre découverte.

— On le lui fera sentir avec art, déclara péremptoirement Cécile, et la délicatesse sera sauvegardée.

C’est ainsi que les trois Grâces retournèrent au musée avec de nouvelles ambitions.

Cécile s’était encore embellie. Sachant que le maquillage était adopté au cinéma, elle ne craignit pas d’accentuer le rose de ses joues, ni la pourpre de ses lèvres.