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entre encore moins de monde… Est-ce tout à fait de sa faute ? Je ne le crois pas : c’est surtout sa sœur qui régit la famille.

— Ah !

Cécile remarqua que le coup avait porté ! Gontran Solvit s’était assombri. Elle continua :

Mlle de Saint-Armel est ancrée dans son traditionalisme. Les temps modernes l’épouvantent autant qu’ils l’horrifient. Elle est navrée d’avoir besoin des fournisseurs actuels et ferait volontiers son pain avec son blé… et ses chaussures avec le cuir des animaux qu’elle élèverait. De façon générale, elle trouve que la vie actuelle est totalement changée et qu’on n’y trouve plus aucun des éléments qui composaient celle de sa génération. Elle est aussi d’une aristocratie enragée. Il ne serait pas question, par exemple, d’un mariage sans particule pour Armelle. Et si le prétendant se décorait d’une particule, il faudrait encore savoir si elle est bon teint.

Le visage de Gontran Solvit se rassérénait et Cécile le constatait non sans surprise.

Cependant, elle poursuivait :

— Heureusement pour Armelle, son mariage ne lui causera nulle lutte, puisqu’elle est décidée à ne pas se marier. C’est un caractère bizarre.

Les traits du jeune homme se rembrunissaient. Il s’inquiéta :

— Pourquoi bizarre ?

La jeune fille s’arrêta court. Pourquoi avait-elle avancé ce terme ? Armelle ne lui avait pas semblé bizarre du tout, mais il fallait bien expliquer ce refus de se marier.

D’une voix moins assurée, elle reprit :

— Le caractère hautain et orgueil-