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ÉPREUVES MATERNELLES

mémoire de Denise, elle consentit au dessein de Rose et la remercia.

— Je pourrai me présenter, ne vous dérangez pas.

— Laissez, cela me donnera de l’exercice et je connais la vieille bonne.

— Où l’avez-vous connue ?

— Elle était l’amie de la cuisinière de cette comtesse où j’ai été placée… C’est une brave femme, mais pas très causante… Cela vous sera égal, parce que vous ne parlez guère non plus. J’irai tout à l’heure. J’ai du coton à réassortir pour les bas de Madame, ce n’est pas loin d’ici. Je vous verrai ainsi quelquefois et cela me plaît.

Denise laissa faire la jeune fille. Que lui importait d’être chez une personne ou chez telle autre. Le tout était d’être à l’abri.

Quand Rose put sortir, elle courut chez cette Mme Dutoit. Elle revint triomplante.

On acceptait Denise avec plaisir, la cuisinière manquant toujours.

— Vous serez fort bien… La vieille Vincente m’a posé une masse de questions sur vous… Il faut croire qu’elle aime parler maintenant !… Enfin, elle paraît contente.

— Il n’y a pas d’enfants dans cette maison ?

— Non, non… répliqua Rose en souriant, vous serez tranquille.

Il était entendu que Denise prendrait ses fonctions l’après-midi même.

Elle prépara donc encore le déjeuner, puis vers deux heures, elle alla faire ses adieux à Mme Pradon.

— Je quitte la maison et je viens dire adieu à Madame.

— Je vous regretterai Marie… vous êtes une fine cuisinière, mais, j’ai honte de vous le dire, vous me faites un peu peur quand vous vous occupez de mes enfants.

— Puisque Madame a cette crainte, il vaut mieux que je m’éloigne, répondit doucement Denise.

C’eût été une trop grande privation pour elle que de ne plus regarder ces enfants qui lui rendaient ses caresses. Il valait mieux qu’elle s’en allât, au moins, la tentation serait-elle abolie.