Marcelle et Pinglet, se séparant. — Oh !
Boulot, confus. — Monsieur !… Je vous demande pardon ! Je ne savais pas que la chambre était occupée !… Je rapportais cette chaise !
Pinglet, furieux. — Ah ! non ! Ah ! non ! Je l’ai assez vue… et vous aussi ! Remportez-la, cette chaise, remportez-la !
Boulot, reculant. — Mais, monsieur, elle appartient à cette chambre !…
Pinglet. — Oui. Eh bien, remportez-la ! remportez-la ; allez-vous-en ! (Il le pousse sur le palier.) Oh !
Boulot, sur le palier. — Elle est gentille, la petite dame !… et je suis curieux !… Mais, au fait, pourquoi pas ?… Le vilebrequin !… Mais oui !
Il s’en empare.
Bastien, à l’étage supérieur. — Boulot ! Boulot !
Boulot. — Voilà ! Voilà !
Il replace le vilebrequin et disparaît.
Pinglet, inquiet. — Ah ! mon Dieu ! qu’est-ce que j’éprouve !
Marcelle. — Qu’est-ce que vous avez ?
Pinglet. — Je ne sais pas ! J’ai une transpiration froide qui me monte à la tête !… Ce doit être l’émotion !… Ce ne sera rien ! (Avec passion, la prenant dans ses bras.) Ah ! Marcelle ! nous voilà donc seuls, en tête-à-tête ! Je voudrais que vous puissiez voir ce qui se passe en moi ! Je sens que mon cœur, mon cœur… Ah ! mon Dieu !… Mais il tourne, mon cœur !
Marcelle, inquiète. — Mais vous êtes tout pâle ! Pinglet ! Benoît ! mon ami !
Pinglet. — Ah ! mais je suis malade !… Ah ! mais je suis malade !
Marcelle, effrayée. — Asseyez-vous, mon ami, asseyez-vous !
Pinglet, regardant autour de lui. — Où ça ?… Il n’y a plus de chaise !
Marcelle, lui montrant. — Eh ! bien ! là, sur la table !
Pinglet, s’asseyant sur la petite table ronde. — Oh ! Marcelle !… Croyez que je suis désolé de ce contre-temps, qui, que… Mais cela va se passer !… Oh ! là ! là !… Oh ! là ! là !…
Marcelle. — Attendez, je vais vous donner un peu d’eau.
Elle va préparer de l’eau sucrée.
Pinglet, comique, désespéré. — Voilà ! c’est le cigare ! Je vous l’avais bien dit ! le cigare… ça ne vaut rien !… Et puis le champagne… moi qui ne bois jamais que de l’eau. Mélangé à la fumée !… Oh ! là, là ! Oh ! là, là !
Il se lève.
Marcelle, tournant le sucre dans le verre. — Mon pauvre ami !
Pinglet, buvant, éperdu. — Ah mon Dieu ! Et ma femme qui n’est pas là !
Marcelle, lui reprenant le verre des mains. — Mais restez donc assis !
Pinglet. — Non ! Je ne peux pas ! Il faut que je marche, sans ça, je sens que je vais m’en aller !
Marcelle, vivement. — Oh ! oui… avec moi !
Pinglet. — Oh ! non, tout seul ! Je sens que je m’en vais tout seul !… Ah ! j’étouffe !…
Marcelle. — Enlevez votre veste !