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plafond à droite, de façon que la montée soit entièrement visible pour le public ; à droite, premier plan, accoté au mur qui sépare le palier de la chambre de droite, un tableau avec clous à crochets numérotés, auxquels sont suspendues des clefs ; au dessous, petite table à tiroirs, avec des bougeoirs en cuivre, dont l’un est allumé ; devant la table, une chaise en paille ; à la suite de la table, dans le sens de la profondeur, porte donnant sur la chambre de droite, surmontée du n° 11 ; la porte s’ouvre intérieurement dans la chambre de l’avant-scène, vers le fond. La troisième partie du théâtre est occupée par une grande pièce, sorte de dortoir. À gauche, entre la porte et l’avant-scène, un lit de fer appliqué sur son côté au mur ; au-dessus du lit, une petite glace. À droite, premier plan ; lui faisant face, deux autres lits en fer placés parallèlement à la rampe, face au mur ; devant le premier, une chaise ; au deuxième plan, après le second lit, porte donnant sur un cabinet de toilette ; au troisième plan, en pan coupé, une fenêtre et, au-dessous, un quatrième lit en fer appliqué sur son côté au mur. Au fond, à droite, face au public, porte donnant sur un cabinet de toilette et s’ouvrant intérieurement dans le cabinet de toilette ; entre le lit et la porte, une chaise ; au fond, à gauche, un grand lit en bois avec rideaux blancs passés dans un anneau comme dans la chambre de gauche ; derrière la tête du lit, qui est à droite, une chaise ; une patère est accrochée au mur à la tête du lit, table de nuit devant ; petite table ronde avec tapis au milieu de la scène, entre le lit de gauche et ceux de droite ; papier gris sur les murs et sur le plafond. Les trois compartiments peuvent être de différentes largeurs, suivant la place dont on dispose. Les portes de gauche et de droite, sur le palier, sont munies de vraies serrures, ouvrant et fermant à clef ; celle de gauche a, de plus, un verrou à l’intérieur dans la chambre de gauche. Il est huit heures et demie du soir. Au lever du rideau, les chambres de droite et de gauche sont dans l’obscurité. Le palier seul est éclairé par deux becs de gaz qui se trouvent entre les portes de gauche et de droite et l’escalier.

Scène première

Sur le palier : Bastien, puis Boulot

Bastien, assis devant la table de droite. — Là !… Une bougie et une bougie, ça fait quatre bougies !… Ça n’a l’air de rien… Eh bien, en quinze ans — car voilà déjà quinze ans que je suis à l’hôtel du Libre-Echange — ah ! j’en ai vu !… ah ! j’en ai vu ! En quinze ans, rien que par ce petit dédoublement-là, la bougie m’a déjà rapporté plus de six mille francs !… Ah ! dame, y a pas de petits carottages !…

Boulot, dégringolant l’escalier, éperdu. — Oh ! là, mon Dieu ! Oh ! là, mon, mon Dieu !…

Bastien. — Eh ! bien, qu’est-ce que vous avez donc, monsieur Boulot ? vous avez l’air tout bouleversé !

Boulot. — Ah ! monsieur Bastien, si vous saviez ce que je viens de voir ! Ce n’est pas ma faute cependant ; j’avais frappé comme vous m’avez dit qu’il fallait le faire !

Bastien, se levant. — Eh ! bien, quoi ! Qu’est-ce qu’il y a ?

Boulot. — Le 32 avait sonné, monsieur Bastien. J’ai frappé à la porte. On m’a répondu : Entrez !… Je suis entré… Il y avait une dame toute nue !