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Pinglet. — Ça, elle a raison !

Paillardin. — Ah ! fiche-moi la paix, je t’en prie, tais-toi !… Si tu t’en mêles aussi !…

Marcelle. — Mais prenez garde qu’il ne me vienne un jour l’idée d’aller le chercher ailleurs, ce bonheur que vous ne me donnez pas chez moi !

Paillardin. — Toi !

Marcelle. — Pourquoi pas !… Il y en a de plus laides que moi qui ont trouvé des consolateurs !

Paillardin, riant : — Ah ! la bonne farce !… Mais ne te gêne donc pas, ma chère amie !… Mais prends donc ton consolateur !

Marcelle. — Ah ! mais ne m’en défie pas !… Si je voulais ! je connais des gens !…

Paillardin. — Mais va donc les chercher, tes gens !… Va donc les chercher !

Il remonte de quelques pas.

Madame Pinglet. — Paillardin, ne l’exaspérez pas !

Paillardin, redescendant. — C’est elle qui m’exaspère !… Oh ! mais qu’elle le prenne donc une bonne fois, son consolateur !… Oh ! je ne demande qu’une chose : c’est qu’elle en trouve un ! et qu’il la garde !

Marcelle, indignée. — Oh ! monsieur Pinglet !

Pinglet. — Mais c’est fou ! Mais tu es fou ! Mais il est fou !

Marcelle. — Ah ! c’est comme ça !… Eh bien, c’est toi qui l’auras voulu !

Paillardin. — Parfaitement !… Bonsoir !

Madame Pinglet. — Voyons, Paillardin… embrassez-la !

Paillardin. — Moi ?… Ah ! non, par exemple !…

Il remonte.

Madame Pinglet, le suivant — Paillardin ! Paillardin !

Pinglet, à la porte. — Tu sais, tu fais une bêtise !… Henri, tu sais, tu fais une bêtise !

Paillardin et Mme Pinglet sont sortis.

Scène VIII

Pinglet, Marcelle

Marcelle, assise sur le canapé ; furieuse. — Eh bien, voilà ! voyez comment il me parle, mon mari ! Voilà comment il me parle !… Ah ! c’est trop fort !

Pinglet, hésite, puis brusquement. — Marcelle ! Marcelle ! Je t’aime !

Marcelle se lève vivement. — Hein !…

Pinglet. — Ah ! non, non ! il est trop bête ! il est trop bête ! Vous êtes témoin, n’est-ce pas, que je lui ai dit tout ce qu’il y avait à lui dire ?… J’ai bien rempli mon devoir d’ami ?

Marcelle. — Oui !

Pinglet. — Je lui ai dit qu’il faisait une bêtise !… Il s’entête à la faire !… Eh bien ! tant pis pour lui !… Je ne retiens qu’une chose : c’est que quand vous l’avez menacé de prendre un consolateur, il vous a répondu : prenez-le !… Eh bien, si vous avez un peu de caractère, vous devez le prendre, ce consolateur. Ah ! mais…