Victoire, entrant. — Monsieur !
Pinglet. — Quoi !… Qu’est-ce qu’il y a ?
Victoire. — Madame demande Monsieur !
Pinglet. — Ah ! il y avait longtemps !…
Victoire. — Parce qu’elle essaie avec sa couturière, et elle voudrait avoir le goût de Monsieur !
Pinglet, sur le tabouret, à Paillardin. — Ah ! ce qu’elle est embêtante. (Allant à Victoire.) Puisqu’elle ne le suit pas, mon goût ! Puisqu’elle ne le suit pas ! Enfin, j’y vais !
Paillardin, à Maxime qui fouille dans les tiroirs. — Mais qu’est-ce que tu cherches, Maxime ?
Maxime. — Mais mon oncle, je regarde si je ne trouvais pas mon volume !
Pinglet. — Mais non, mon ami ! Puisque je te dis qu’il n’est pas ici ! Il ne faut pas fouiller comme ça dans mes tiroirs ! Victoire ! vous n’auriez pas trouvé, par hasard, un traité de philosophie de… Vitraux ?
Victoire. — De Vitraux ?
Maxime. — De Caro, monsieur Pinglet.
Pinglet. — Euh ! de Carreau ! de Carreau ! Je savais bien que c’était quelque chose comme ça !… Carreau, vitraux, c’est toujours de la partie !…
Paillardin. — Il n’y a pas d’orthographe pour les noms propres !
Victoire. — Non, Monsieur, je n’ai rien trouvé !
Maxime. — J’en serai quitte pour le racheter.
Pinglet. — À propos, Victoire, vous conduirez ce soir monsieur Maxime au collège Stanislas !
Victoire. — Moi, Monsieur ?… Je veux bien !
Pinglet. — Je ne vous demande pas si vous voulez bien. Je vous dis : vous le conduirez !… (À Maxime.) À quelle heure ?
Maxime. — Il faut que je sois rentré à neuf heures, monsieur Pinglet !
Pinglet. — À neuf heures !… Vous entendez, Victoire ?
Victoire. — Bien, Monsieur.
Elle va à la table ranger les papiers.
Paillardin, se levant, à Pinglet. — Je te remercie, tu sais !
Pinglet. — De rien !
Maxime se met à lire.
Madame Pinglet, à la cantonade. — Monsieur Pinglet !
Pinglet. — Bon ! voilà l’autre ! (Répondant.) Voilà ! Voilà ! quel taon ! mon Dieu ! quel taon ! Allons, Paillardin, viens-tu voir ma femme essayer ?… (Le poussant.) Viens donc ! Tu vas passer un bon moment !
Paillardin. — Allons !…
Ils sortent.
Scène VI
Victoire, Maxime
Maxime, sur son tabouret, lisant. — L’amour est une émotion de l’âme causée par le mouvement des esprits animaux qui l’invite à se joindre de volonté aux objets qui paraissent lui être convenables. (Avec conviction.) Comme c’est ça !
Victoire, s’accoudant sur la table. — Eh bien ! monsieur Maxime ?
Maxime. — Mademoiselle ?
Victoire. — Qu’est-ce que vous faites là ?