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moi, ici ! Portez donc mon manteau et mon chapeau dans ma chambre, voulez-vous ?

Toudoux. — Moi ?

Madame Virtuel, lui collant le tout dans les mains. — Oui !

Toudoux, soumis. — Bon ! (Il remonte en bougonnant.) Non ! C’t'inouï ! c’t'inouï ! ça !

Il sort au fond. Madame Virtuel gagne la droite en défaisant son corsage ; au moment où elle l’a retiré paraît Clémence venant de l’office et apportant la pharmacie, grandes bouteilles d’eau distillée, bouteilles jaunes de sublimé, paquets d’ouate, etc…

Madame Virtuel, surprise par l’entrée brusque de Clémence, sursautant et pudiquement se croisant les bras sur sa poitrine. — Qui est là ?

Clémence. — J’apporte la pharmacie.

Madame Virtuel, rassurée et tout en gagnant la bergère sur laquelle elle prend sa camisole. — Ah ! bon ! mettez ça là !

Elle indique la console.

Clémence, descendant à la console. — Oui, madame.

Elle range les bouteilles, les paquets d’ouate à la place indiquée, tandis que Madame Virtuel s’apprête à passer sa camisole.

Toudoux, rentrant carrément du fond. — Voilà !

Madame Virtuel, à gauche de la bergère, sursautant. — On n’entre pas !

Toudoux, qui a contourné la table de salle à manger pour descendre par le milieu gauche. — Ah ! pardon, je ne savais pas !

Madame Virtuel, aidée par Clémence, se pressant de passer sa camisole. — Vous ne pouvez pas frapper avant d’entrer ?

Toudoux. — Ben ! écoutez, je pensais que dans la salle à manger…

Madame Virtuel, furieuse. — Il n’y a pas de "salle à manger" : (Ecartant le devant de sa camisole.) J’avais la poitrine et les épaules nues !

Toudoux, avec un geste désinvolte. — Oh ! ben…

Madame Virtuel, qui s’est tournée vers la bergère pour prendre son tablier, se retournant en le mettant et se cognant dans Toudoux qui s’est rapproché. — Enfin dites donc, hein ?…est-ce que l’on va vous avoir là comme ça tout le temps ?

Toudoux. — Ah ! il faut que !…

Madame Virtuel. — C’est que je n’aime pas à avoir des gens sur mon dos quand je travaille.

Et, ce disant, elle va prendre son corsage laissé sur la bergère.

Toudoux. — Ah ! ah !

Madame Virtuel, revenant avec son corsage à la main et se dirigeant vers la chaise où est sa valise. A Toudoux. — R’tirez-vous d’là…

Toudoux. — Oui.

Madame Virtuel, fourrant son corsage dans le sac et tendant ce dernier à Toudoux. — Tenez, portez ça dans ma chambre !

Toudoux, prenant le sac et le tendant à Clémence. — Clémence !

Madame Virtuel. — Non ! non ! Pas Clémence ! si j’avais voulu