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Pinglet. — C’est ça !

Marcelle. — Là !… Ouvrez-moi !

Pinglet, écoutant. — Attendez !… Les pas s’éloignent. (Il ouvre.) Vous pouvez partir. (Il va à la fenêtre voir si Paillardin est dans le jardin, puis revient.) Ah ! vous fermerez le verrou derrière vous !

Marcelle — Oui ! oui ! Ah ! quelle nuit !… Mon Dieu, quelle nuit !…

Elle sort, Pinglet referme.

Pinglet, allant à la fenêtre. — Ah ! oui !… Quelle nuit ! Mon Dieu ! Quelle nuit ! (À Paillardin, hors de vue.) Eh ! bien, tu y es ?

Voix de Paillardin. — Voilà, je monte !

Pinglet. — Prends garde de dégringoler !

Scène III

Pinglet, Paillardin, puis Maxime, puis Voix de Marcelle

Paillardin, enjambant la barre d’appui de la fenêtre ; il a un énorme pochon à l’œil. — Là ! Ça y est !… Ah ! quelle nuit !… mon ami ! quelle nuit !

Pinglet. — Oh ! mais, qu’est-ce que tu as sur l’œil ?

Paillardin, s’asseyant. — Oh ! je suis bien arrangé !… Oui, tu ne crois pas aux esprits, toi ?

Pinglet. — Ah ! non !

Paillardin. — Oui, je n’y croyais pas non plus. (Se levant.) Eh ! bien, mon ami, il faut y croire ! Je les ai vus !

Pinglet. — Toi ?

Paillardin. — Vus, te dis-je !… Ce qui s’appelle vus !

Pinglet, le blaguant. — Allons donc !… Ah ! ah ! il a vu les esprits, lui ! il a vu les esprits !

Paillardin. — Oui ! Oui ! J’ai fait le sceptique comme toi ! J’ai été à l’hôtel en faisant le malin !… Je disais : ça vient des fosses ! Eh ! bien, rien du tout ! Je n’étais pas endormi depuis une demi-heure dans la chambre hantée, que je me suis réveillé entouré de feux follets, avec des voix surnaturelles, qui semblaient sortir d’apparitions blanches dansant autour de moi une sarabande effrénée !… Et tout ça chantait… chantait… (Pinglet rit.) Oui ! ris ! ris ! Je me rappelle encore ce qu’ils chantaient.

Chantant

Le royaume des fantômes…

Alors, tu comprends, j’ai mis de côté toute fausse honte. J’ai pris mes cliques et mes claques et je suis sauvé comme un perdu !… Enfin, dans une chambre, je crois voir des êtres vivants. Ah ! cette chambre ! cette chambre !…

Pinglet, s’oubliant. — C’était le 10.

Paillardin. — Le 10 ? Je ne sais pas. Pourquoi le 10 plutôt qu’autre chose ?

Pinglet, interloqué. — Hein ! Je ne sais pas. Pourquoi autre chose plutôt que le 10 ?

Paillardin. — Mettons le 10. Je m’y précipite !… Il y avait là une