Page:Feydeau - Les fiancés de Loches, 1888.djvu/33

Cette page n’a pas encore été corrigée

Gévaudan.

Ainsi, nous voilà dans cette fameuse agence matrimoniale. (À Laure.) Laure, je suis ému ! Regardez cette chambre de modeste apparence. (À Alfred.) Alfred, découvre-toi !… Elle nous aura vus entrer célibataires.

Laure.

Vierges…

Gévaudan.

Heu ! Toi !… Quand nous en ressortirons, Laure, nous ne serons plus garçons.

Laure, pleurant.

Plus garçon !… À mon âge !

Gévaudan.

Ne pleure pas ! Il est vrai que nous ne nous sommes jamais quittés… mais, crois-moi, on n'est vraiment uni que quand on est séparé.

Alfred.

Sans compter que ce n'était pas rigolo, notre existence à Loches… la droguerie toute la journée !

Gévaudan.

Ah ! ne touche pas à ma droguerie !

Alfred.

Je n'y touche pas, seulement je dis !… Et puis le soir, le loto, avec Laure qui triche.

Gévaudan, à Laure.

Et puis, vois-tu, ce n'est pas tout cela !… L'homme est fait pour la femme, la femme est faite pour l'homme… surtout en province… où il n'y a pas de distractions… Eh bien, c'est cette distraction qui nous manquait. Alors nous nous sommes dit : il faut nous marier.