Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/276

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

blement : tu joues là un jeu dangereux, mon ami ! (Massenay hausse les épaules, se lève et gagne la gauche avec un air persifleur. Mais Francine qui ne lâche pas prise ainsi, fait par en dessus, le tour de la table pour redescendre aussitôt vers son mari.) À force de corner sans cesse aux oreilles d’une femme qu’elle doit avoir un amant, il arrive qu’elle finit par se familiariser avec cette idée. Et prends garde, quand une femme a ça dans la tête !…

Massenay, au comble de la rage, lui jetant l’insulte à la face.

Mais dis donc : « quand elle a ça dans le sang ! »

Francine, bondissant sous l’outrage et dans le nez de Massenay.

C’est pour moi que tu dis ça ?

Massenay, nez à nez avec Francine.

Oui, c’est pour toi ! oui, c’est pour toi !… Courtisane !

Il pivote et gagne l’extrême-gauche.
Francine, avec un soubresaut en arrière.

Quoi ?

Chanal, qui s’est dressé comme mû par un ressort, poussant une exclamation de colère.

Ah ! (Du plat de la main il donne un violent coup sur la table, traverse la scène en quatre massives enjambées et, arrivé à Massenay, d’un coup sec de la main droite il ramène le revers droit de sa jaquette, de la main gauche le revers gauche, se boutonne d’un air de défi, puis.) En voilà assez !