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Chanal, qui apprécie peu ce genre de discussion.

Ecoutez, si on ne parlait pas de moi !

Massenay, dans un besoin de riposte, s’est levé et fonçant sur sa femme dont Chanal seul le sépare.

Et pourquoi l’as-tu trompé ?

Comme Francine, il accompagne sa question d’une tape dans le creux de l’estomac de Chanal.
Francine, débordant sur la poitrine de Chanal pour mieux parler dans le nez de son mari.

Pourquoi ? Parce que je t’aimais.

Massenay, même jeu que Francine.

Tu m’aimais ?

Francine, id.

Oui, je t’aimais !

Massenay, haussant les épaules. — Ricanant.

Oh ! tu m’aimais ! (À Chanal lui indiquant sa femme avec un nouveau haussement d’épaules.) Elle m’aimait !

Les deux mains dans les poches de son pantalon, il arpente nerveusement jusqu’au fond, pour redescendre s’asseoir sur le tabouret à gauche de la table aussitôt la passade de Chanal.
Chanal, allant s’asseoir sur le fauteuil à droite de la table.

Oh ! que je goûte peu cette conversation !

Francine, qui dans le même état de nerfs que Massenay a arpenté jusqu’à l’extrême gauche, pivotant pour remonter d’un pas saccadé jusqu’au fond, tandis que son mari, assis sur le tabouret, tournant le dos à sa femme, le coude gauche sur la table et la tête dans sa main, l’écoute les yeux au plafond, la jambe droite agitée d’un mouvement nerveux. Malheureusement je t’aimais ! Je le paye as-