Page:Feydeau - La main passe !, 1906.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chanal, jouant au profond étonnement.

Moi, t’en vouloir ? Et pourquoi, mon Dieu ? (Comme si la chose lui revenait mais très lointaine.) Ah ! parce que ma femme et toi, vous avez… ? Mais voyons !… en voilà une affaire ! Qu’est-ce que ça prouve ? que ma femme t’a plu. Eh bien, mon vieux ! pourquoi ne t’aurait-elle pas plu ?… Elle m’a bien plu à moi…

Massenay, absolument ahuri.

Je ne te dis pas, mais…

Chanal, avec une philosophie stupéfiante.

Laisse donc ! Il faut être philosophe !… surtout devant ce qu’on ne peut pas empêcher. (Tout en parlant et bien comme chez lui, il est allé prendre le fauteuil qui est à droite du canapé, et l’a planté au beau milieu du théâtre face au public, — du ton le plus naturel.) Tiens ! assieds-toi, ma chérie !

Francine résignée, s’assied sans mot dire.
Massenay, dont les bras en tombent.

Écoute, mon cher ! je ne sais pas… mais tu me stupéfies !…

Il descend sur la fin de sa phrase pour remonter de l’autre côté de la table, au niveau de Francine.

Chanal, qui est allé, comme pour le fauteuil, chercher la chaise volante qui est derrière le canapé, et la plantant au niveau et tout près du fauteuil où est Francine, mais de profil au public, de façon que lorsqu’il s’assiéra, ses genoux seront presque contre les jambes de sa femme. Laisse donc !… Ah ! je ne dis pas que sur le moment, dame… ! oui, j’ai vu rouge ! Vous au-