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TOURNEL, empressé.

Il est par là avec le docteur ; je puis l’appeler.

RAYMONDE, vivement.

Non ! Non ! Ne le dérangez pas !… Si vous le voyez tout à l’heure, vous lui direz que je sors avec Madame dé Histangua… que si je rentre tard, il n’ait pas à s’inquiéter ; que je resterai peut-être à dîner avec une amie.

TOURNEL.

Oh ! bien, je crois que lui-même ne rentrera pas de bonne heure non plus, alors… !

RAYMONDE, vivement pour le faire se couper.

Ah ? Pourquoi donc ça ?

TOURNEL, qui n’y entend pas malice.

Hein ? Mais parce qu’il m’a dit, je crois, qu’il banquetait ce soir avec son directeur d’Amérique.

RAYMONDE.

Ah ! Il vous a dit ! Je ne suis pas fâchée de le savoir. Eh ! bien, c’est faux ! car c’est demain qu’a lieu ce banquet ! j’ai vu l’invitation, alors !…

TOURNEL.

Ah ?… Oh ! mais alors, c’est qu’il se trompe de jour ; je vais lui dire.

Il fait mine d’aller retrouver Chandebise.
RAYMONDE, l’arrêtant du geste.

Non ! Non ! il ne se trompe pas de jour. Ne faites pas de zèle inutile. Tout ça, c’est parfaitement intentionnel ; c’est un alibi pour lui permettre de revenir ce soir, en disant qu’il a con-