Page:Feydeau - La Puce à l’oreille, 1910.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.

RAYMONDE.

Ah !… Si tu es sûre, ça va bien.

LUCIENNE, écrivant.

« Je suis prête à faire une folie. Voulez-vous la faire avec moi ? Je vous attendrai aujourd’hui à cinq heures à l’hôtel du Minet-Galant. »

RAYMONDE.

Oh ! tu crois ? il va se méfier, juste le même hôtel.

LUCIENNE.

Au contraire, ça l’excitera ! (Écrivant.) Entre parenthèses : « Montretout, Seine. Vous demanderez la chambre au nom de M. Chandebise. »

RAYMONDE, dictant.

« J’espère en vous… »

LUCIENNE, écrivant, tout en approuvant de la tête.

« J’espère en vous ! » Parfaitement ! Oh ! mais il y a de l’étoffe en toi.

RAYMONDE.

Faut bien faire son apprentissage.

LUCIENNE, signant.

« Une femme qui vous aime. » Là ! le parfum, maintenant.

RAYMONDE, qui a débouché le flacon pendant que Lucienne écrivait.

Voilà.

Elle lui tend le flacon.
LUCIENNE.

Ça va bien.

Elle verse de l’odeur sur ses doigts et en asperge le papier à coups de pichenettes.