Page:Feydeau - La Puce à l’oreille, 1910.djvu/216

Cette page a été validée par deux contributeurs.

LUCIENNE.

Oui… Oh ! il m’a même bien effrayée, lui aussi !

RAYMONDE.

Aha !

LUCIENNE.

Je ne sais pas si c’est l’émotion, qui, brusquement, lui a tapé sur le cerveau… ?

RAYMONDE.

Ah ! toi aussi, tu as remarqué ?

LUCIENNE.

Si j’ai remarqué !… Je l’avais vu dix minutes avant ; il m’avait parlé très raisonnablement… m’avait averti des dispositions de mon mari, et suppliée de m’en aller… Crac ! Survient la scène : poursuite homérique !… On dégringole l’escalier, tous deux… On arrive en bas… Il me regarde drôlement et tout haletant il me dit : « Ah ! la la ! Qu’est-ce que c’est que ce peau-rouge ?… Vous le connaissez ? » Tu vois ma tête !… « Comment, si je le connais ?… Évidemment, puisque c’est mon mari. Vous le connaissez aussi bien que moi ! »… Il me répond : « Mais je ne vous connais pas !… Qui êtes-vous ? » (Petit soubresaut.) Ah ! mon Dieu… Ah ! mon Dieu (Prononcer : « Ah ! badieu ! ») Je me dis : « Ça y est !… v’là Chandebise qui déménage !… » Je le fixe ; il ne riait pas… Ah ! mon Dieu… (Id.) Et le voilà qui se met à me débiter un tas de choses incohérentes…

RAYMONDE, à Tournel.

Voilà ! Voilà ! comme à nous !