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n’empêche que c’était une perle au service ! honnête, travailleur… et dévoué ! Ah ! je pouvais le bousculer, celui-là ; le malmener ; c’était une joie ! c’est-à-dire que quand je lui flanquais mon pied quelque part, ah !… le roi n’était pas son cousin !

OLYMPE, chatte, la tête contre l’épaule de Ferraillon et les yeux au ciel.

Tu bats si bien !

FERRAILLON, modeste.

Oui, oh !… je battais. Maintenant… ! on se fatigue, tu sais… C’est égal, voilà un serviteur comme je les aime !… Ce n’est pas comme les domestiques d’aujourd’hui, à qui on ne peut parler qu’avec la bouche en cul de poule… Aussi, quand, il y a quinze jours, je l’ai retrouvé sans place, je n’ai pas hésité à le prendre à notre service.

OLYMPE, gagnant la droite du hall,

Tu as joliment bien fait !

À ce moment, dans l’escalier, venant des dessous, paraît Poche, un crochet de bois sur le dos. Il est en tenue de travail : pantalon et gilet de livrée, tablier à bavette et chaussons de feutre ; cheveux mal peignés comme un homme qui vient de faire son ouvrage. À le regarder, c’est le sosie absolu de Chandebise, seulement en vulgaire, en lourdaud ; c’est le même homme mais d’une couche sociale inférieure. — Il tient à la main une dépêche.