Page:Feydeau - L’Homme intègre, monologue comique, 1886.djvu/7

Cette page n’a pas encore été corrigée

part une petite maison avec quelque chose d’écrit en argot : Octroi. Et à côté, une grande grille, en plein dans le passage… comme un fait exprès, quand il y avait tant de place à côté, où ça ne gênerait pas la circulation ! Là, une espèce de sergent de ville me demande si je n’ai rien à déclarer ? Je lui réponds que je ne suis pas mouchard ! — « Je vous demande si vous n’avez pas de déclarations à faire ! parce qu’ici, mon bonhomme, nous ne laissons pas escamoter les droits ! » J’ai compris qu’il était là pour les faire respecter, les droits ! Alors j’ai fait : « Ah ! Je crois bien que j’en ai des déclarations à faire ! » Il a pris aussitôt son carnet, et moi je lui ai tapé sur l’épaule et je lui ai dit : « J’ai à déclarer… qu’ici on a presque toujours affaire à des crétins ! » Eh bien ! il m’a dressé procès-verbal, pour insulte envers les agents de l’octroi. J’ai eu beau m’expliquer, il n’a rien voulu entendre ! Il m’a mené à la grille et m’a dit : « Adressez-vous au barreau ! » Eh bien ! je les ai regardés longtemps, les barreaux, et je ne suis pas plus avancé qu’auparavant.