scènes d’une Tragicomédie[1] (ce fut, jusqu’au Cid, le nom des tragédies dont le dénoûment était heureux), une traduction des vers dorés de Pythagore ; des poésies légères, où ce noble et sérieux esprit ne plaisante pas sans agrément ; une mascarade et une chanson des Amazones, genre de divertissement fort en faveur à la cour des Valois et qui avait conservé une partie de sa vogue à celle de Louis XIV ; des quatrains moraux qui nous remettent en mémoire ceux de Pibrac, etc., on reconnaîtra aisément que la fille a plus écrit que la mère ; ajoutons qu’elle a mieux écrit. D’une part, le progrès naturel de la langue, à une époque où elle était si activement maniée, tourne au profit de Catherine des Roches, dont l’expression est plus nette et plus régulière ; de l’autre, un souffle plus poétique semble avoir animé sa jeunesse et se refléter dans ses ouvrages. Telle fut l’opinion des contemporains, dont l’un a dit, en l’honorant d’une mention toute spéciale, « qu’elle reluisait à bien écrire entre les dames, comme la lune entre les étoiles[2]. » Et ce n’était pas seulement en vers ; elle s’est exercée aussi en prose, surtout dans le genre des dialogues. On passera vite néanmoins sur les deux premiers, où elle veut prouver, en soutenant une thèse qui lui tenait fort à cœur, que les femmes peuvent retirer les fruits les plus précieux de l’étude, et sur un troisième où figurent l’Amour, la Beauté et Physis (la bonne mère Nature, fille aînée du Créateur), modèle de ce faux es-
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ET CATHERINE DES ROCHES