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VIE D’ÉRASME.

portait avec impatience, c’est qu’elle prétendit en garder le monopole. Malgré tout, il est des préjugés que ne brave pas ouvertement dans sa conduite celui même qui les raille dans ses discours.

Érasme dut attendre plusieurs années encore avant de réaliser ce projet. Mais nous sommes ici presque abandonnés par sa correspondance. Une lettre adressée à un prêtre appelé Edmond nous apprend qu’Érasme se prépare à passer l’hiver de 1500 à 1501 chez le seigneur de Courtemburne, dans son château, à peu de distance de Saint-Omer[1]. Une autre lettre, d’ailleurs sans importance, est adressée au docteur Adrien, dont Érasme avait suivi à Louvain le cours de théologie, et qui devint le pape Adrien VI[2]. Ce fut même sur la recommandation spontanée d’Adrien que les magistrats de Louvain offrirent à Érasme la place de lecteur public ; celui-ci la refusa, et la principale raison qu’il donna fut qu’il était trop étranger à la langue hollandaise, « qui n’a su faire, ajouta-t-il, que du mal, et n’a encore été utile à personne[3]. »

N’acceptant pour la vie d’Érasme d’autre autorité que la sienne ou celle de ses biographes contemporains, nous sommes, il faut l’avouer, condamné à traverser trop rapidement ces premières années de sa maturité. Deux lettres seulement se rapportent à l’an 1501. La première, du 30 juillet, est d’Antoine de Bergen, abbé de Saint-Bertin et frère de l’évêque de Cambrai ; il recommande Érasme, qui passe l’été auprès de lui, aux faveurs du cardinal Jean de Médicis, le futur Léon X[4]. Une seconde lettre d’Érasme lui-même nous apprend qu’au mois de décembre il est à Orléans chez J. Tutor. Il retourne à Paris et, le 13 février 1502,

  1. Ép. 95.
  2. Ép. 96.
  3. App. Ép. 505.
  4. Ép. 98.