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VIE D’ÉRASME.

qu’à leur quartier-général, la Sorbonne, « le temple sacro-saint de la théologie scotistique[1] ; » il leur déclare qu’il ne peut pour leur plaire se résigner à parler en barbare ; il raille ces Épiménides qui, après avoir dormi dans leur caverne quarante ans, ont trouvé tout changé autour d’eux, « excepté eux-mêmes, et quelques buveurs, compagnons décrépits de leurs anciennes orgies. » Certes la vivacité de la lutte entraînera souvent Érasme dans les excès ordinaires des polémiques violentes. Mais qui pourrait nier qu’après tout il ne soutint les droits de l’esprit moderne impatient de rompre les mailles serrées et étroites de la scolastique ?

Cette attitude d’Érasme, qui se marque nettement dans ses lettres, se retrouverait encore dans les ouvrages qu’il avait déjà publiés ou laissé paraître. Sans parler des opuscules que nous avons cités, ni de l’édition des lettres de saint Jérôme, pour laquelle il réunissait depuis plusieurs années de riches matériaux, le traité sur la Manière d’écrire les lettres avait certainement paru, puisqu’il la date de 1498. Mountjoy engageait Érasme à donner de cet ouvrage, en l’enrichissant, une nouvelle édition[2]. Érasme le refondit plus tard presque en entier, et, dans la dédicace à Nicolas Bérauld (1522), il déclarait que le livre commencé à Paris trente ans auparavant n’avait été publié d’abord qu’à son insu. Ce traité d’ailleurs a moins d’importance pour l’objet particulier dont il traite que par les détails souvent curieux qu’il renferme sur l’état de l’éducation publique au commencement du xvie siècle.

Érasme, dans l’hiver de 1499, achevait aussi la première édition des Adages ; et d’Orléans, le 20 novem-

  1. Ép. 85.
  2. Ép. 43.