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L’ESSENCE DU CHRISTIANISME

510). » « Maximilien Robespierre, il faut l’avouer, a proclamé principe de la morale le plus élevé de tous ; cet homme a pris au sérieux la vertu (Philos. de l’hist., 443). » « L’empereur Napoléon a soumis les nations européennes par l’immense puissance de son génie, et répandu partout ses institutions libérales jamais on n’a remporté des victoires plus générales, ni des campagnes mieux étudiées. » « Le système de la Nature de Holbach n’est guère français, il n’y a pas assez de vivacité dans ce livre (III, 519). » « Mais dans celui de Robinet, de la Nature, il y a un tout autre esprit, sérieux et profond, et plus d’une fois les lecteurs sont frappés de la grandiose sévérité que manifeste cet homme (III, 520). »

« Dans les auteurs allemands de ce temps-là, au contraire, se trouve un pédantisme, dit Hégel, une affèterie, une sécheresse insupportables. Ils veulent absolument être intelligibles pour tout le monde, ils deviennent on ne peut plus mesquins et abstraits. Nos Allemands sont comme des abeilles, ils rendent scrupuleusement justice à toutes tes nationalités ; ils sont d’honnêtes fripiers qui ramassent tout pour en faire leur petit trafic. Par malheur il leur arrive que ce qu’ils empruntent aux étrangers perd son originalité, son coloris particulier, et c’est précisément par ce côté-ci que les grands Français brillent tellement, qu’on leur pardonne volontiers quelques faiblesses de matière. Les Allemands, s’efforçant d’approfondir l’objet, remplacent les étincelles de l’esprit gaulois par des calculs raisonnés, finissent par avoir dans les mains un contenu délayé et insipide ; rien de plus ennuyeux que les dissertations dites profondes de cette sorte (III, 529). » « Les Allemands d’alors passaient leur temps à filer d’interminables discours plus ou moins savants, mais tous également décolorés et tièdes. C’était, qu’on me passe mot, une litanie démesurée sans goût et sans valeur intérieure. L’éternité des peines infernales, le bonheur céleste des païens, la différence entre la piété et la probité, voilà les objets philosophiques qu’ils étudiaient, tandis que les Français s’en souciaient très peu (III, 531). » « Les Français, comme s’ils étaient dépourvus de toute conscience religieuse, en avaient vite fini ; ils ont systématiquement su maintenir une pensée unique ; les Allemands, après avoir longtemps douté à gauche et à droite, produisent des travaux pour lesquels ils prennent comme point de départ la conscience religieuse ; ils se demandent toujours d’abord : est-il permis ou ne l’est-il pas ?