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Mais nous nous en moquons, ma mie ;
Chacun de nous va répétant :
Eh ! que m’importe si j’ennuie !
Moi, je m’amuse en bourdonnant.



FABLE LXXVII.

LE SERPENT ET LES FOURMIS.


Préservons-nous de l’esprit de vengeance,
Dans tous les temps il cause de grands maux.
Au serpent de ma fable il ôte la prudence,
À l’homme trop souvent il coûte le repos.
Tout auprès d’une fourmilière,
Un serpent s’étoit endormi,
Petit insecte à la tête légère,
Une jeune et leste fourmi,
Sur lui trottant, courant, sans craindre sa colère,
Le chatouille, le pique, et le réveille enfin :
L’animal furieux se relève soudain,
Et jure par le Styx de punir cette offense.
Il ne sait plus ramper : pressé par la vengeance
Il siffle, il s’étend et s’élance
Sur les fourmis qu’il méprisoit pourtant.
On ne pouvoit prévoir un pareil accident :
Elles se ďemandoient la raison de sa rage.
D’abord la peur vint les saisir,
Et leur causa quelque dommage :
Mais les sages criant : il faut vaincre ou périr,
On eut bientôt repris courage :
La république entière entoure le serpent,
Sur son corps à l’assaut on monte bravement ;
Le voilà donc couvert de la queue à la tête,