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Il trouve une cabane, y voit un vieil hermite
Que le malheur y conduisit.
En mangeant avec lui ses racines, son fruit :
Dans ces bois, dit l’enfant, vous avez tout à craindre.
— Non, car il n’est point d’or dans cet humble réduit ;
De mon sort à présent je ne saurois me plaindre :
Que peut-on redouter vivant loin des humains ?
— Mais sans secours, hélas ! tous les maux de votre âge !
— Oh ! la frugalité vaut mieux que médecins :
Mon enfant, retiens cet adage.
— Quoi ! la peur de la mort ne vient pas vous troubler ?
— Mon fils, j’achève en paix mon triste et long voyage :
Tu commences le tien… c’est à toi de trembler…



FABLE LXXV.

LE LION ET LE LOUP.


Compère loup crioit en son langage,
Mais de toute sa force : au voleur ! au voleur !
Et faisoit un si grand tapage
Qu’un roi-lion, sorti de son palais sauvage,
En demande la cause ; il craint quelque rumeur.
Sire, lui dit ce loup, pendant la nuit dernière,
Très-las d’avoir couru, le jour, bois et bruyère,
Je m’endormis profondément,
Sans avoir eu le soin auparavant
De barricader ma tanière.
On m’a volé ; je soupçonne un confrère
Aidé par un renard : on m’a pris des moutons,
Génisse, agneaux, nombreux dindons.
— Quoi ! scélérat, c’est ton intempérance :