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Lorsque toujours on vit seul dans son trou,
Des bonnes qualités on ne peut faire usage ;
Qui de la vérité n’entend pas le langage,
Gardera ses défauts, ses travers, son humeur,
Et ce sera votre partage :
Enfin, pour qui vit seul ni plaisir, ni bonheur.



FABLE XLV.

L’HOMME ET LE CHEVAL.


De quel droit nous commandez-vous,
Disoit un cheval à son maître ?
Pourquoi tous les jours faut-il être,
Ou soumis à vos lois, ou sujet à vos coups ?
De nos destins d’où vient la différence ?
La raison, répond l’homme, a réglé la distance
Entre les animaux et nous,
Et vous réduit à cette obéissance.
Vous reçûtes des cieux de l’instinct pour tout bien ;
Près de l’espèce humaine enfin vous n’êtes rien.
Rien !… reprit le coursier d’humeur assez caustique.
J’observe souvent l’homme et tout ce qu’il pratique :
Oh ! de votre raison ne vous targuez pas tant ;
Si vous saviez en faire usage,
Et qu’elle vous rendît et plus doux, et plus sage,
J’estimerois ce beau présent ;
Il causeroit ma jalousie ;
Mais elle cède en vous à chaque passion,
Même à la moindre fantaisie.
Dites, qui vaut le mieux, écoutez, je vous prie,