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FABLE XXXV.

LE VIEUX LION ET LES ANIMAUX.


Accourant chez un vieux lion,
Tous les animaux du canton
Vinrent un jour lui rendre hommage.
De l’amuser chacun espéra l’avantage :
Le loup par le récit de maints et maints exploits ;
Le renard en citant ses ruses, son adresse,
Soit dans les champs, soit dans les bois ;
Le singe voulant plaire aussi par sa souplesse,
Sautoit et gambadoit, faisoit cent tours nouveaux,
Pleins d’esprit et de gentillesse.
L’éléphant marmottoit : voilà des gens bien sots !
Certain de mériter sur eux la préférence,
Il conta mille traits de son intelligence.
Le lion, en bâillant, écoutoit leurs propos :
Messieurs, dit-il, je vous tiens quittes
De visites ;
Je crois que vous avez tout dit,
Regagnez au plutôt vos gîtes :
Pour ma société cette vache suffit ;
Elle descend d’Io, sans en avoir la grace ;
Elle ne prétend point aux tours de passe-passe,
Et ne se pique pas, comme vous, de bons mots ;
Mais elle est franche, tendre, bonne,
Mais elle a pitié de mes maux,
Et n’aime en moi que ma personne.
Hélas ! hélas ! quand on vieillit,
On a besoin du cœur bien plus que de l’esprit.