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Partez, vous reviendrez, j’espère, en diligence
Jouir de ce bienfait de ma reconnoissance.
L’ours sent le prix d’un choix aussi flatteur,
Et comme il est peu discoureur,
Répond en bref ce qu’il faut dire,
S’incline, accepte, et se retire.
Ce général parti, le renard en faveur,
S’adressant au lion, de vos dons je soupire ;
Sur de grands intérêts l’amitié doit instruire :
L’ours de son souverain défendant le pouvoir
Ne fait, seigneur, que son devoir.
Quoi ! vous voulez pour lui démembrer votre empire ?
Moitié de vos états vous lui promettez, sire !…
Tais-toi, mon mal guéri l’ours n’aura jamais rien :
Mais espérant beaucoup il me servira bien.



FABLE XXIX.

LA BREBIS ET L’AGNEAU.


Un jeune agneau disoit à sa grand’mère
Vous qui savez si bien l’histoire du canton,
Dites-moi donc si ce vieux roi lion,
Qui se traîne souvent au coin de sa tanière,
Fut si glouton, si sanguinaire,
Qu’il mangeoit chaque jour ou génisse ou mouton ?
On dit qu’il dévora ma mère, et puis mon frère.
Paissant l’autre matin là-bas sur la bruyère,
Je l’aperçus, il paraît doux et bon.
Mon fils, c’est sa ruse dernière ;
Pour attirer à lui ceux qui vont dans les bois
Il contrefait et son air et sa voix :
Helas ! plusieurs des miens s’y sont pris quelquefois.