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Lui dit, du roi ce changement
Surprenant
Prouve conversion sincère.
Il s’en portera mieux, mais c’est tant pis pour nous ;
Nous serons encor plus les victimes des loups :
Cette défense enfin ne me plaît guère.
Des courtisans gloutons aiguisant l’appétit,
 Nous ne verrons sur notre terre
Qu’hypocrites ; mon cher, c’est l’effet qui s’en suit :
Ils jeûneront le jour, nous mangeront la nuit.
Sur ces rusés fripons il faut encor nous taire.



FABLE XXI.

L’ENFANT ET LA RUCHE.


Simonnet annonçoit un méchant caractère ;
À le morigéner chacun perdoit son temps.
C’étoit un villageois ; il n’avoit que douze ans,
Et déjà ne trouvoit de plaisir qu’à mal faire.
Les bergers le fuyoient : lorsqu’il venoit aux champs,
Il frappoit sans pitié les troupeaux innocens,
Enlevoit un agneau quand il tétoit sa mère,
Et lorsque du hameau, quelque jeune bergère
Admiroit ses appas, au bord d’un clair ruisseau,
Le malin enfant troubloit l’eau,
Étant bien sûr de lui déplaire.
Des amours au printemps il étoit la terreur :
Dénichant, détruisant les hôtes du bocage,
De tous les nids il troubloit le bonheur.
Si le sèvère Aréopage[1]

  1. Fameux tribunal d’Athènes ; il condamna à la mort un