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L’autre du lis souhaitoit la blancheur,
Elle étoit brune, ainsi c’étoit pour cause.
La plus jeune des trois leur dit naïvement :
Mes sœurs, vous ne voulez que beauté, qu’agrément,
Je vous soupçonne un peu coquettes :
Éblouir, enchanter, oh ! quelle vanité !
Pour moi je n’envîrois que la simplicité
De ces aimables violettes.
Il faut les imiter, chérir douces retraites,
Et du désir de plaire on n’est point tourmenté.



FABLE XX.

L’ÂNON ET LA BREBIS.


Grande nouvelle, ami, s’écrioit un ânon
Trottant, courant vers le peuple mouton,
Écoutez, je vous en conjure ?
Vous saurez que du roi c’est la conversion :
Oh ! la nouvelle est bonne et sûre,
J’ai vu lettre-patente et le sceau du lion :
On l’affiche et publie aux forêts du canton,
Et nous pourrons brouter en repos la verdure.
Ce généreux monarque attendri sur nos maux,
Défend à loups, renards d’attaquer les troupeaux,
Chassera, punira l’animal réfractaire.
Mais l’exemple d’un maître étant très-nécessaire
Pour appuyer son ordre ou sa leçon,
Celui-ci désormais sans luxe, sans façon,
De racines, de fruits fera son ordinaire.
La brebis la plus franche, et la plus débonnaire,