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Tircis dont je vantois les séduisans appas,
La grâce, le tendre langage,
N’est plus maintenant que Lucas,
À l’air nigaud, aux cheveux plats :
C’est le plus rustre du village ;
Et les bergères du canton,
La belle Aminte, et Célimène,
Pour qui je fis une chanson,
Ne sont plus à mes yeux que Margot et Suzon,
Qui du moindre couplet ne valoient pas la peine.
Pour vous, mes paisibles moutons,
Je vous trouve toujours aimables :
En tous lieux, en toutes saisons,
Vos attraits pour moi sont durables :
Ce qui rappelle la candeur,
Et la douceur, et l’innocence,
Ne peut cesser d’être cher à mon cœur.

Je ne crains plus la pétulance
Des faunes indiscrets que trouve sur le soir
La bergère qui veut reposer sous les hêtres :
Quand on ne les craint plus, on cesse de les voir.
Adieu, divinités champêtres ;
Adieu, dryades et sylvains,
Adieu, sylphes, charmans lutins,
Tous enfans de l’erreur, chers à la poésie.
Je ne me livre plus à ces illusions,
Qui, sans tes vérités, triste philosophie,
Pourroient jusques au bout enchanter notre vie.
Oui, ces riantes fictions
Valent mieux mille fois que tes doctes leçons.
Je ne désire point les charmes
De la beauté, de la fraîcheur,