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Et pourtant quelquefois la bizarre nature
Des plus riches couleurs compose sa parure.
Mais on n’en hait pas moins sa dévorante faim :
Ce beau corps nuancé déplaît, dégoûte enfin,
Eh, que n’es-tu morbleu la dernière à détruire !
La chenille répond : et pourquoi m’offenser
Et contre moi vous courroucer ?
Quand le ciel me donna le pouvoir de vous nuire
Ne vous donna-t-il pas celui de m’écraser ?
Ne m’insultez donc plus, c’est une barbarie :
Oh ! l’injure est de trop quand on ôte la vie.



FABLE XVII.

LE PIGEON ET LA FAUVETTE.


J’entends ton ramage enchanteur,
Dit le pigeon à la fauvette,
Par quel hasard, par quel bonheur
Reviens-tu voir cette retraite ?
— Dans ces jolis bosquets je viens vivre avec vous,
J’amène mes enfans ainsi que mon époux.
— Mais au printemps dernier et volage et coquette
Tu dédaignois ce lieu charmant.
Rien ici ne pouvoit te plaire,
Rien n’attachoit tes yeux ni ton cœur inconstant.
Par l’amitié, les soins, et ma tendre prière
Je ne pus m’opposer à ta course légère.
Eh ! vous qui connoissez si bien le sentiment,
Vous devez voir, ami, d’où vient mon changement ;
Je n’étois épouse ni mère,
Je suis l’une et l’autre à présent.