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Garantis-la des dangers de l’orage,
Sois son abri jusques en ses vieux jours.
Par le doux bruit de ton simple feuillage
Exprime lui que je l’aimai toujours.

Son cœur bientôt comprendra ce langage
Que ton murmure annonce un beau matin.
En récompense, ou pour te rendre hommage
Elle voudra t’arroser de sa main.

Si je reviens jamais du noir rivage
Ah ! garde-toi, ma fille, d’avoir peur :
Si tu frémis, voyant ma sombre image
Rappèle-toi ton amour et mon cœur.



VERS À LA VIOLETTE.


Joli bouquet de violette
Fut un de mes plus doux plaisirs ;
Te cueillir encor sur l’herbette
Seroit l’objet de mes désirs.

Cette fleur dans mon premier âge
Étoit le seul prix du devoir ;
On disoit : soyez bonne et sage,
Vous irez la cueillir ce soir.

En folâtrant dans les campagnes
Te joignant parfois au muguet,
Je disputois à mes compagnes
La gloire du plus beau bouquet.

Nous en faisions une couronne,
Grand plaisir pour cœurs innocens.