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Voilà de Lucas la parure.
La fleur des champs, présent de la nature,
Qu’il alla cueillir le matin,
De sa Lisette orne la chevelure ;
Lucas l’attacha de sa main :
Comptez encor blanc jupon, court et leste,
Mouchoir trop clair pour bien cacher son sein,
Et sous le fin linon œil perçant et modeste.
Avec plaisir et sans beaucoup d’apprêts,
Du banquet je fis tous les frais :
Il ne fallut ni Tokai, ni Champagne,
Aucun des mets nouveaux par le luxe inventé ;
C’étoit le vrai festin de ce Rat de campagne,
Qu’Ésope et La Fontaine ont tour à tour chanté.
Mes convives, Dieu sait ! rioient, faisoient tapage :
Puis leur refrain étoit de boire à ma santé :
Et fillette qui veut tâter du mariage,
Pour me bénir s’égosilloit,
En lorgnant celui qu’elle aimoit.
Je partageois la douce ivresse
De tous ces pauvres bonnes gens ;
Et du fond de mon cœur je répétois sans cesse :
Oh ! soyez heureux, mes enfans,
Et chérissez toujours votre tendre maîtresse !…
Nous croyons qu’en perdant et jeunesse et désirs,
Il n’est plus pour nous de plaisirs :
Mais quelles erreurs sont les nôtres !
Pourquoi redouter nos vieux ans ?
Ah ! faisons le bonheur des autres,
Nous jouirons dans tous les temps.